28 Décembre :
On fête Innocent, Antoine, Domnion, Gaspard, Iolande, Théodore, Traode, Théophile, Eléonore, Servan, Domma, Donna,
1920 : naissance de Verchuren
1951 : naissance de Gilbert Montagné
1953 : naissance de Clayderman
1965 : naissance de Dany Brillant1937 : décès de Ravel
2004 : Décès de Susan Sontag, 71 ans, femme de lettres américaine, féministe, engagée dans les grands combats intellectuels contemporains.
1895 : La première séance payante de cinéma à lieu au Grand Café à Paris. Au programme : L'arroseur arrosé, La sortie des usines Lumière, L'arrivée du train en gare de la Ciotat. Le prix était de 1,02 F
1938 : Première du film "L'hôtel du Nord" de Marcel Carné.
1938 : Première du film "La bête humaine" de Jean Renoir.
éprouvette1967 : Vote en France d'une loi qui libéralise la
contraception.
1981 : Naissance du premier bébé-américain, Elizabeth Jordan Carr à Norfolk, en Virginie.
Dictons du jour :
« S’il neige à la st Eléonore, les récoltes seront d’or »
« Celui qui s’écoute parler entend souvent un sot »
SUSAN SONTAG :
une femme d’exception
Le 29 décembre 2 004, alors que le monde entier pleurait les milliers de victimes des raz-de-marée en Asie du Sud-Est, on apprenait la mort de l’essayiste et romancière américaine Susan Sontag à l’âge de 71 ans.
Depuis 30 ans, elle luttait avec succès contre le cancer qui l’a finalement vaincue.
On se souviendra de ses prises de position contre la peine de mort, la guerre du Vietnam, l’envahissement de l’Irak par les forces anglo-américaines, la politique d’Israël face au peuple palestinien et de ses déclarations, après les attentats du 11 septembre, conspuant "la superpuissance autoproclamée" des États-Unis. Son texte, dénonçant les tortures dans la prison irakienne d’Abou Gharib, publié en mai 2004, constituera sa dernière grande prise de position publique. « The photographs are us ».
Les photographies, c’est nous, notre guerre, notre occupation, notre politique, écrit-elle. Elle y compare les photos des tortionnaires souriants à celles des lynchages dans le sud des États-Unis entre 1880 et 1930, et explique comment la violence, dans la torture comme dans la pornographie, fait désormais partie de la culture de divertissement américaine.
Susan Sontag est née le 16 janvier 1933 à New York, dans une famille juive d’origine polonaise, d’une mère institutrice et d’un négociant en fourrures mort en Chine alors qu’elle avait 5 ans. Dans ses biographies, on apprend qu’elle sait lire à l’âge de 3 ans, qu’à 6 ans, elle a lu une biographie de Marie Curie et découvert l’importance de la justice sociale dans Les Misérables, de Victor Hugo.
Elle a passé son baccalauréat à 15 ans, s’est mariée à 17 ans avec un de ses professeurs, Philip Rieff, a obtenu sa maîtrise de l’Université de Chicago à 18 ans et a étudié en philosophie à Harvard. Entre-temps, elle a donné naissance à un garçon, David.
À 26 ans, elle divorce et possède déjà la pleine maîtrise de sa vie et de son œuvre.
À la fin des années 80, elle se lie à la photographe Annie Leibovitz qui partagera sa vie jusqu’à sa mort.
En 1999, elle publie avec elle Women, un album d’une centaine de portraits de femmes célèbres avec leur biographie. Le livre commence par le portrait de la mère de Leibovitz et se termine par celui de Sontag, de qui la photographe a fait plusieurs portraits inoubliables.
Elle découvre à 12 ans toute l’horreur dont l’humain est capable en feuilletant, dans une librairie de New York, un livre sur les camps de concentration. C’est un choc intense, dit-elle, surtout une photo montrant des centaines de lunettes de déportés entassées en pyramide. Elle imagine, derrière chaque paire de lunettes, un homme, une femme, un enfant. Ce qui était abstrait est devenu irrémédiablement réel.
De là sa fascination pour la photographie dont elle analysera le rôle dans un de ses essais les plus célèbres, On Photography (1977). Elle incite le spectateur à ne pas accepter les photos comme des preuves, mais comme le résultat du "conflit entre deux impératifs : embellir, impératif hérité des beaux-arts, et dire la vérité".
Elle a illustré cette conception en commentant des photos célèbres comme celles prises lors de l’exposition du cadavre de Guevara en Bolivie ou des tortures de prisonniers irakiens par des soldats américains dans la prison d’Abou Gharib.
Déchirée entre l’éthique et l’esthétiqueToute sa vie, Sontag cherchera à atteindre le parfait équilibre entre l’éthique et l’esthétique.Selon ses amis, elle avait l’art de soulever les questions d’une façon nouvelle, d’apporter un angle que personne n’avait vu, de créer un effet de surprise qui forçait à réfléchir et provoquait la polémique.
En 1964, elle publie l’essai qui la rendra célèbre internationalement, Notes on "Camp", où elle définit une culture inspirée par la mouvance homosexuelle, qu’on qualifierait aujourd’hui de "queer". Elle y fait l’éloge d’une nouvelle sensibilité urbaine apolitique dont l’accent est mis, comme chez Warhol par exemple, sur la vénération du style, l’exagération théâtrale, l’artifice et le mauvais goût.
Elle dit ressentir autant d’attirance que de répulsion pour cette culture et n’a jamais cessé de réfléchir sur l’attrait paradoxal des pensées "extrêmes", transgressives.
Pour elle, toute interprétation tend à tuer le pouvoir incantatoire et magique de l’art. À l’instar de Roland Barthes, dont elle se sent très proche, elle considère l’art comme une célébration, un moyen de "faire partager ses passions".
Alors que la plupart des critiques américains se définissent à partir du passé, Sontag se fait l’avocate de l’ici et maintenant Mais, déclare-t-elle en 1998, beaucoup plus qu’envers la défense de la littérature, "notre premier devoir est la solidarité humaine".
Elle poursuit sa lutte "contre l’interprétation" de l’art dans ses deux livres consacrés à la maladie Illness as Metaphor (1978) et AIDS and Its Metaphors (1988), en cherchant à étendre son analyse au "monde réel", à celui du corps.
Pour elle, il ne faut considérer les maladies dites mortelles - le cancer, le sida - "ni comme une malédiction, ni comme une punition, ni comme une gêne". Sans "signification profonde", ce sont simplement des maladies et pas forcément mortelles. "La mort fait partie de la dignité et du sérieux de la vie", ajoute-t-elle.
Ses essais sont impersonnels et on y cherchera en vain une allusion à sa propre expérience, à ses relations personnelles ou à sa lutte constante contre le cancer.
Au cours des années 1970, avec la fin de la guerre du Vietnam et l’essoufflement de la "contre-culture", Sontag remet en question les conceptions qu’elle a défendues dans ses notes sur l’esthétique "camp", dans lesquelles elle admettait qu’on puisse considérer la culture nazie ou les films de Leni Riefenstahl comme des formes d’art appréciables.
Plus tard, Sontag justifie son virage par le fait que les temps ont changé : "Un art qui paraissait éminemment digne d’être promu il y a dix ans, au nom du goût minoritaire ou contestataire, ne paraît plus défendable aujourd’hui, parce que les questions éthiques et culturelles qu’il soulève sont devenues sérieuses, dangereuses même... "
Des raisons qui semblent plutôt superficielles, "les questions éthiques et culturelles" que soulève un tel art, qui érotise et esthétise la violence, la haine, et les rapports de domination, étant les mêmes dix ans plus tard.Dans Fascinating Fascism (1975),
Sontag déclare qu’il "n’est pas étonnant que le sadomasochisme soit ces derniers temps associé au symbolisme nazi : car jamais auparavant la relation maîtres-esclaves n’a été si consciemment esthétisée. […] La couleur est noire, la matière est le cuir, la séduction est la beauté, la justification est l’honnêteté, le but est l’extase, le fantasme la mort."Dans la New York Review of Books (1), la poète et essayiste féministe, Adrienne Rich, lui écrit au sujet de cet essai : "Que sont les thèmes de domination et d’esclavage, de lubricité et d’idéalisme, de perfection physique masculine et de mort, ’de contrôle, de soumission, et de force extrême’, ’la transformation des personnes en choses’,’la vitalité…identifiée au supplice physique’, ’l’objectification du corps coupé des émotions’ - de quoi est-il question sinon des valeurs masculinistes, viriles, patriarcales ?"Elle se demande si "l’emballement pour de tels thèmes ne reflète pas en ce moment un aspect du ressac provoqué par une fausse virilité qui se sent menacée par le rejet féministe de ses valeurs, ainsi que par la prise de conscience graduelle de femmes qui ne se réclament pas du féminisme ?"
Elle regrette que Sontag n’ait pas exploré plus à fond la complexité d’un tel sujet et qu’elle n’ait pas poussé son exploration de ce culte [des symboles fascistes] au-delà de l’expression d’une mode, ou même du phénomène fasciste en soi, et qu’elle ne l’ait pas perçu à la lumière de l’histoire patriarcale, de la sexualité, de la pornographie et du pouvoir, les premières personnes transformées en choses étant toujours des femmes, les qualités (négatives) féminines étant attribuées à tous les groupes dominés afin de justifier leur oppression."
Sontag lui répliquera que "la passion féministe appliquée à un sujet historique particulier aboutit à des conclusions qui, même vraies, sont extrêmement générales. Comme toute vérité morale importante, le féminisme est un peu simple d’esprit. C’est ce qui fait sa force et, comme le montre l’argumentation de Rich dans sa lettre, ce qui représente aussi sa limite." Sontag conclut que "ce n’est pas une trahison de penser qu’il y a d’autres objectifs que la dépolarisation des deux sexes, d’autres blessures que des blessures sexuelles, d’autres identités que l’identité sexuelle, d’autres enjeux politiques que les enjeux sexuels -et d’autres "valeurs anti-humaines" que les valeurs misogynes."
Dans L’Envers de la nuit , Rich exprimera les mêmes divergences à propos des positions de Sontag dans The Pornographic Imagination (1967) : "Dire que l’objet de la sexualité est la mort me semble aussi romantique que de dire que c’est l’Éros
C’est une affirmation abstraite […]. Pour celles d’entre nous qui font chaque jour l’expérience des répercussions de la pornographie, non pas sous la forme de l’art mais sous la forme du viol, de l’assaut et de la peur de sortir seule dans la rue à la nuit tombée, ce genre d’affirmation n’apprend rien."Pour Rich, il s’agit "d’un humanisme qui a défendu Histoire d’0 et les écrits du marquis de Sade au nom de l’art révolutionnaire et de la philosophie politique.
Un humanisme qui refuse de voir que ses leitmotivs (la réduction des femmes par la violence à l’état de chair détestée, à l’état, littéralement, d’excréments) préfigurent et rappellent tout à la fois l’Holocauste, les camps de travail sibériens et les atrocités au Vietnam, au Chili et partout où l’on a tenté et souvent avec succès d’écraser l’âme d’un peuple".
D’autres auteures féministes, comme Susan Griffin, objecteront à la position "esthétique" de Sontag sur la pornographie que celle-ci, "en tant que femme, n’en parle jamais à partir de sa propre expérience. Car comment l’expérience de l’idée pornographique d’une femme peut-elle être expérimentée ?" Pour Griffin, la quête du non-être, de l’anéantissement de soi, est un fantasme masculin.
Un débat, loin d’être clos, alors qu’il y a toujours des intellectuel-les "progressistes" pour faire de la prostitution et de la pornographie une forme d’art. Créer son propre mythe et le perpétuerFemme exceptionnelle, très médiatisée, que l’intelligence, l’indépendance, l’audace, le franc-parler et la beauté ont propulsée au sommet de l’intelligentsia occidentale, elle a su se créer une personnalité, tant esthétique qu’intellectuelle, qui deviendra un modèle de rigueur et de beauté pour ses contemporaines.
On lui a reconnu unanimement une capacité de synthèse hors du commun.
Dans une entrevue au magazine Times en 1992, l’écrivain mexicain Carlos Fuentes l’a comparée à l’humaniste de la Renaissance, Erasme, qui voyageait avec 32 volumes contenant tout le savoir digne d’intérêt : "Susan Sontag porte tout cela dans son cerveau ! Je ne connais aucun autre intellectuel qui a les idées si claires et une telle capacité de faire des liens, connecter, relier."
Dans ce même article du Times, elle déclarait que son but n’était pas d’exprimer l’aliénation, qu’elle était plutôt intéressée par diverses formes d’engagements passionnés et que le message de toute son œuvre pouvait se résumer à :
"soyez sérieux, soyez passionées, réveillez-vous" ! Les médias ont souvent accolé l’étiquette féministe au nom de Sontag, même si le combat contre toute forme de discrimination fondée sur le sexe n’est apparemment pas une de ses priorités,
comme le démontrent ses prises de position sur la pornographie et ses multiples interventions politiques dont elle ne fait ressortir aucun angle fémininiste ou même féminin précis. Ainsi prend-t-on pour acquis que les femmes qui font leur place dans un monde d’hommes sont nécessairement féministes, même si c’est souvent à leur acceptation des règles patriarcales du jeu qu’elles doivent leur reconnaissance sociale.
Ces exceptions servent ainsi de modèles inaccessibles pour la plupart des femmes parce qu’elles sont des exceptions justement, qui servent à faire oublier que la majorité des femmes continuent à vivre dans des conditions d’inégalité, de pauvreté, de violence et d’oppression.
Sontag reconnaissait elle-même récemment avoir "oublié" de parler de la question des femmes, étant préoccupée par des problèmes plus pressants.
L’éclat de son intelligence, l’étendue de ses connaissances, son sérieux et sa force de conviction n’ont cessé de fasciner.
Son visage aux traits volontaires, sa bouche généreuse, sa voix sensuelle, son regard intense, sa longue chevelure noire traversée d’une mèche blanche font partie des "icônes" populaires du XXe siècle.
Une personnalité de son envergure était loin, cependant, de n’avoir que des admirateurs.
Certains critiques ne voyaient en elle qu’une habile vulgarisatrice des idées des autres et lui reprochaient les fréquentes remises en question de ses positions antérieures, On l’a accusée de cultiver la provocation pour attirer l’attention des médias et, même, de plagiat dans son dernier roman In America. Il est clair que les contradictions ne lui font pas peur, car pour elle, "la vie de l’esprit repose sur la capacité de remettre en question, de réinventer les idées".
Elle avait l’air de tout savoir, une bibliothèque personnelle de 25 000 volumes illustrait l’ampleur de sa curiosité et de son érudition. Quelques mois avant de mourir, elle confiait à une journaliste avoir l’impression d’être au milieu de sa vie, d’avoir encore tant à dire !
De l’avis de tous ceux qui l’ont rencontrée, elle était habitée par une force vitale hors du commun, un insatiable appétit de vivre, de penser, de tout connaître, de témoigner, de créer, animée par l’amour de "la vérité" et dévorée par le désir constant de se dépasser. Pour elle, "la seule intelligence qui vaille d’être défendue, c’est une intelligence critique, dialectique, sceptique et désimplifiante ».
Raphaëlle Rérolle, "Un formidable appétit de vivre", Le Monde, 30 décembre 2004.
Susan Rubin Suleiman, "De l’esthétisme "camp" aux engagements éthiques", Le Monde, 30 décembre 2004.
Margalit Fox, " Susan Sontag, Social Critic With Verve, Dies at 71", New York Times, December 28, 2004.
Charles Mc Grath, "An Appreciation : Susan Sontag, A Rigorous Intellectual Dressed in Glamour, New York Times, December 29, 2004.
Susan Sontag, "Mort d’une moraliste obstinée, Susan Sontag, la plus européenne des intellectuelles américaines, décède à 71 ans", Le Devoir, 29 décembre 2004.
Citations de Susan Sontag :
Faire l'amour, en soi, ne libère pas les femmes.
La question, c'est de savoir de quelle sexualité les femmes doivent se libérer pour bien la vivre.
Le plus beau chez un homme viril c'est un brin de fémininité ; le plus beau chez une femme féminine c'est un peu de masculinité.
Les femmes ont raison de se rebeller contre les lois parce que nous les avons faites sans elles.
[ Montaigne ]
Savoir dire non à tout un chacun, mon but maintenant ....
Non, non, non !
Facile pourtant !!!!!!
Pas toujours simple lorsqu'il y a des enjeux "sentimentaux" : famille, enfants, amis ......
Pourtant si simple lorsqu'il s'agit de hiérarchie par contre .....!!!!
Homme et libre est celui qui ose dire non !
Peter Genestet
Presque tous les hommes sont esclaves faute de savoir prononcer la syllabe : non.
Chamfort
Appeler les femmes "le sexe faible" est une diffamation ; c'est l'injustice de l'homme envers la femme.
Si la non-violence est la loi de l'humanité, l'avenir appartient aux femmes.
Gandhi
Commentaires
Un grand coucou ma Heremoana
de bien belles citations et tes articles sont toujours très interessants
me revoilou , après une petite absence due a un gros caprice de ma livebox ...la vilaine !!
j'espère que pour toi tout va bien et je te souhaite une belle journée
bisous , Patou
coucou comment va tu bien je l'espere nous voila deja mardi sa passe vite ton article et tres beau aller bisous et bonne journée
ton article sur susan sontag est bouleversant et......utile, la mémoire du passé doit etre sans cesse rappelé; bonne nuit à toi.tu fais c'est vrai un tres bon travail de recheche
j'aime plus apprécié les articles sur les femmes et le cinéma que sur la chanson.
Oui les femmes doivent apprendre aux hommes et aux femmes de ne libérer des idées toutes faites. Les hommes sont alors vulnérables et alors?
Ils sont à la mesure de ce qu'ils peuvent rendre aux femmes quand ils sont à l'écoute et à la réponse de désirs.
Mon amour, il n'y a pas d'amour heureux quand le bonheur est un monde figé que ce soit dans le sexe de l'homm et de la femme ou que ce soit ce soit dans leur verbe et leus actes.
Je t'aime.
TU as fait là une recherche très complète et j'ai eu plaisir à la lire.
Bonne soirée.
Bisous.
bonjour ma petite Heremoana,
je viens de parcourir ton article très intéressant. je te remercie ma jolie. Tes articles sont si complets, vraiment je t'admire. Il faut beaucoup de temps pour effectuer ces recherches d'informations.
Je te souhaite une bonne fin de journée.
Souhaite que ta santé s'améliore lentement mais sûrement.
Gros bisou à toi
kikou viens te souhaiter un bon après-midi gros bizzzous